- INDONÉSIE - Actualité (1990-1996)
- INDONÉSIE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique d’IndonésiePolitique intérieureLe 12 novembre 1991, l’armée indonésienne massacre des militants indépendantistes à Dili, capitale du Timor-Oriental. Elle a ouvert le feu sur un groupe de 3 000 personnes rassemblées pour une cérémonie religieuse à la mémoire d’un jeune indépendantiste tué par la police. Le bilan varie de 19 à 200 morts, selon les sources. Le territoire du Timor-Oriental, sur lequel l’O.N.U. reconnaît toujours la souveraineté portugaise dans l’attente d’un référendum d’autodétermination, a été annexé par l’Indonésie en juillet 1976. Une guérilla indépendantiste s’y est développée.Le 9 juin 1992, victoire du parti du président Suharto aux élections législatives. Les Indonésiens élisent 400 des 500 membres du Parlement, les 100 derniers sièges étant réservés à des militaires désignés par le président. Le parti au pouvoir, le Golkar, obtient 68 p. 100 des voix (contre 73 p. 100 en 1987) et 282 sièges. Le Parti unité-développement, d’obédience islamique, remporte 17 p. 100 des suffrages (+ 1,5 p. 100) et 62 sièges, et le Parti démocratique indonésien (P.D.I.), qui rassemble des nationalistes chrétiens et les héritiers de Sukarno, recueille 15 p. 100 des voix (+ 4 p. 100) et 56 sièges.Le 10 mars 1993, l’Assemblée consultative populaire réélit le président Suharto pour un sixième mandat de 5 ans.Le 21 juin 1994, l’interdiction des 3 hebdomadaires les plus lus dans le pays marque la fin de la politique d’ouverture prônée par le régime à partir de 1990. La presse avait profité du relâchement de la censure pour évoquer les malversations de certains membres du pouvoir.En août, le congrès du Parti unité-développement réélit à sa tête le «candidat favori» du pouvoir, Ismail Hassan Metareum. Le Nahdatul Ulama (Renaissance des oulémas) de Abdurrahman Wahid, plus critique à l’égard du régime, ne parvient pas à prendre le contrôle de l’opposition islamique.En janvier 1995, le régime tente d’affaiblir le P.D.I. présidé par la fille de Sukarno en l’accusant de collusion avec l’ancien Parti communiste interdit en 1966.En février, le président Suharto place à la tête de l’armée son ancien aide de camp, le général Hartono. Des officiers proches de l’ancien homme fort, le général Murdani, sont écartés.En mars, une vague d’arrestations frappe les membres de l’Association des journalistes indépendants ainsi que les milieux étudiants contestataires.Le 21 mai 1996, Suryadi est élu à la tête du P.D.I. lors d’un congrès dissident auquel ne participe pas la présidente en titre du parti, Megawati Sukarnoputri. Depuis juin, cette dernière organise les manifestations les plus massives qu’ait connues le régime de Suharto. Suryadi, en revanche, appartienrt à l’aile du P.D.I. qui est favorable au pouvoir.Le 27 juillet, à Djakarta, les partisans de Suryadi investissent, avec l’appui des forces de l’ordre, le siège de leur parti, encore occupé par l’ancienne équipe de Megawati Sukarnoputri. Cet assaut est suivi d’émeutes meurtrières. Les autorités engagent des poursuites à l’encontre de dirigeants de l’opposition.Vie économiqueL’Indonésie, premier producteur asiatique de pétrole et de gaz, est, de tous les pays d’Asie, le principal bénéficiaire en 1991 du choc pétrolier consécutif à l’invasion du Koweït par l’Iran.Quatre «mégaprojets» sont mis en sommeil en 1992. La politique de restriction des crédits est complétée par le plafonnement des crédits offshore afin de lutter contre l’inflation et de ramener l’équilibre de la balance des paiements courants.En 1993, le maintien au pouvoir du président Suharto et celui des membres de sa famille aux commandes de nombreuses entreprises clés assurent la continuité du système économique. La minorité d’origine chinoise – composée en grande partie de chrétiens – est accusée par l’opinion publique de rapatrier ses capitaux en Chine. La performance économique de l’Indonésie est honorable, mais moins bonne que celle des pays les plus dynamiques de l’Asie du Sud-Est.En 1994, la poursuite d’une forte croissance maintient l’inflation à un niveau élevé. Par ailleurs, l’absence de rigueur budgétaire conduit à un gonflement du déficit. Dans le domaine industriel, le gouvernement reste partagé entre la promotion des P.M.E. et le soutien aux réalisations de prestige.En juin, les autorités lèvent la plupart des contraintes qui subsistaient à l’encontre des investissements étrangers, indispensables à la réalisation des objectifs du plan quinquennal 1994-1998.Le 8 novembre, le gouvernement annonce la suppression des protections douanières dont bénéficiaient les industries nouvelles.En 1995, l’économie indonésienne connaît une situation de surchauffe inflationniste due à l’accroissement des importations et du crédit bancaire. Les apports de capitaux étrangers sont évalués à 31 milliards de dollars contre 23,7 milliards en 1994 et 8,1 milliards en 1993. Le maintien d’une forte croissance s’accompagne d’un creusement du déficit de la balance des paiements et d’un gonflement de la dette extérieure. Le financement de projets de prestige et de haute technologie est critiqué par la Banque mondiale qui les juge improductifs. Le président prend toutefois parti en faveur de cette politique incarnée par son puissant ministre de la Recherche et de la Technologie, Bacharudin Jusuf Habibie.Le 23 mai, le gouvernement annonce de nouvelles mesures de libéralisation économique.L’année 1996 est marquée par le maintien d’une activité soutenue, que les investissements étrangers continuent d’alimenter. Toutefois, le poids de la dette extérieure – plus de 100 milliards de dollars – reste considérable. Le fort taux de sous-emploi et le creusement des inégalités, ajoutés à une importante corruption, assombrissent encore une situation déjà ternie par les troubles politiques.Relations internationalesLe 8 août 1990, visite à Djakarta du Premier ministre chinois Li Peng. Les relations diplomatiques sont rétablies entre l’Indonésie et la Chine. Elles avaient été suspendues en 1967 par le général Suharto, après le coup d’État procommuniste de 1965 dont Djakarta avait accusé la Chine d’être l’instigatrice malgré les démentis de Pékin.Du 9 au 16 février 1994, le président taïwanais Lee Teng-hui se rend aux Philippines, en Indonésie et en Thaïlande, pays dont Taïwan est un partenaire commercial important.Le 15 novembre, le sommet de l’A.P.E.C. à Bogor consacre le rôle international de l’Indonésie. Les participants fixent à 2020 la date de la libéralisation totale des échanges dans la zone. Cette réunion est troublée par une manifestation de militants indépendantistes timorais qui réclament la libération du chef du Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor-Oriental, Xanana Gusmao.Le 11 octobre 1996, le prix Nobel de la paix est décerné à l’évêque de Dili, capitale du Timor-Oriental, Mgr Carlos Felipe Ximenes Belo, ainsi qu’au principal ambassadeur de la cause indépendantiste timoraise, l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’éphémère république de Timor, Jose Ramos-Horta, pour «leur travail en vue d’une résolution juste et pacifique du conflit».
Encyclopédie Universelle. 2012.